Culture/Régionale/Tourisme

Tribune de Valérie Pécresse à l’occasion des Journées du Patrimoine

 

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Tribune publiée le 19.09 sur le site du Huffington Post http://www.huffingtonpost.fr/valerie-pecresse/journees-du-patrimoine-ile-de-france_b_8159310.html

Les Journées du patrimoine sont l’événement culturel français le plus populaire: 12 millions de visiteurs en France, 1 500 sites ouverts à la visite en Ile-de-France. Ce ne sont pas seulement les visiteurs qui sont prêts à attendre plusieurs heures devant les ministères, les ambassades et les lieux du pouvoir à Paris qui y participent : les curieux qui viennent découvrir l’ancienne usine Meunier à Noisiel, le Centre d’essais en vol de Brétigny sur Orge, ou le musée de la Moisson de Sagy sont des Franciliens amateurs de leur histoire. Ainsi, pendant deux jours, ils en profitent pour découvrir l’histoire de leur village, leur patrimoine, ou franchir une porte habituellement fermée.

L’élue locale que je suis sait que, grâce à l’implication de nombreux bénévoles, propriétaires, offices de tourisme, associations d’histoire locale, ces monuments, ces lieux d’histoire, « parlent » aux visiteurs. Comment accompagner, relayer ces volontés locales qui participent indéniablement au vivre ensemble ?

Aujourd’hui, l’Etat ne prend à sa charge que 20 (monuments inscrits) à 40 % (monuments classés) du montant des travaux strictement liés à la protection, ce qui ne permet pas de les réaliser.

Quelques conseils départementaux y participent, mais le Conseil régional d’Ile-de-France est trop absent : alors qu’en moyenne les régions consacrent 17% de leur budget culturel au patrimoine, c’est en Ile de France à peine 3% d’un budget qui lui-même figure parmi les plus faibles.

Une politique régionale « hors sol »

Contrairement à la majorité des conseils régionaux, l’Ile-de-France a développé une politique autonome, fondée essentiellement sur ses propres outils, et la restauration, la mise en valeur du patrimoine n’en font pas partie. Ses actions n’impactent que marginalement la vie culturelle régionale. De ce fait, la Région n’est pratiquement jamais présente dans les « tours de table » des grands chantiers patrimoniaux, à l’exception de celui de Royaumont dont l’engagement remonte à la période de Michel Giraud, il y a plus de 17 ans

A l’heure de la mise en route du Grand Paris, dans un contexte où le développement culturel est un des moteurs de la Région capitale, il est fondamental que la Région, demain, se positionne en développeur de politiques culturelles, en inversant radicalement son positionnement vis-à-vis de ceux qui font la culture sur le territoire, et en particulier ceux qui agissent pour le patrimoine : les collectivités territoriales, les associations, et les propriétaires.

Pour cela, la Région doit en premier lieu mieux assumer ses compétences propres, et notamment donner davantage de moyens et d’ambition au service de l’inventaire, support scientifique et de connaissance du patrimoine. Je proposerai qu’elle inscrive le patrimoine au premier rang d’un partenariat culturel global avec les communes. Je proposerai aussi qu’elle demande une très large délégation de compétences culturelles à l’Etat.

Faire du conseil régional un acteur fort des politiques culturelles en région

Cette délégation accompagnera la remise à niveau du budget culturel régional que je souhaite accroître de 20% pour rejoindre la dépense moyenne de l’ensemble des régions françaises. Face au déséquilibre entre Paris et le reste de la Région, le Conseil régional aura ainsi la taille critique pour une politique culturelle régionale significative, notamment pour le patrimoine, partie prenante des enjeux de l’aménagement du territoire régional, outil de son attractivité et de la qualité de vie de ses habitants.

Outre un soutien significatif aux interventions à la restauration des monuments historiques et à la construction ou l’aménagement des musées, là où la Région ne met aujourd’hui aucun moyen, je souhaite que la Région Ile-de-France intervienne pour la valorisation et la diffusion du patrimoine, notamment auprès des jeunes publics et des lycéens, par le jumelage des établissements avec des monuments, et le développement des classes du patrimoine. Des outils conjuguant valorisation touristique et appropriation culturelle comme le label « Pays d’art et d’histoire », sous-utilisé en Ile-de-France, pourraient se développer. Il faut aussi mieux promouvoir les atouts patrimoniaux de l’ensemble du territoire, en direction des visiteurs étrangers notamment, ce qui allègerait les sites surfréquentés et diversifierait l’offre, en encourageant un « tourisme intérieur » des Franciliens dans leur région.

Le vandalisme barbare au Moyen Orient contre le patrimoine culturel mondial met en évidence le devoir d’éviter les formes lentes mais tout aussi dévastatrices que peuvent représenter l’abandon matériel mais aussi l’oubli ou l’incompréhension qui le précèdent souvent. Conservation, restauration, mise en valeur et promotion sont les faces indissociables du devoir patrimonial que l’Ile de France néglige aujourd’hui et que je m’engage à assumer pleinement demain.

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