Enfin, Claude Bartolone donne de premières indications de ce que sera son projet dans la campagne des régionales en Ile-de-France. Alors que Valérie Pécresse a déjà fait connaître des pans entiers de son projet, avec de très nombreuses propositions concrètes et des indications précises sur le financement, Claude Bartolone sort du bois…mais pas du flou !
Voici une analyse de ses propositions à partir de l’article paru dans Le Parisien du 16 octobre.
Transports
Claude Bartolone dresse un constat accablant du bilan de Jean-Paul Huchon. Lui aussi veut que ça change, mais ses propositions oublient en grande partie le Transilien pour se concentrer sur le RER et l’automatisation de certaines lignes de métro – sans parler de son plan bus en grande couronne qui est un décalque de celui de Valérie Pécresse. Il ne propose pas de dates, contrairement à Valérie Pécresse, pour le renouvellement des rames du Transilien. D’ailleurs, il ne mentionne même pas la gare Saint-Lazare…. Bilan pour Courbevoie : les rames neuves sur la ligne L du Transilien, comme la prolongation de la ligne 3 du métro jusqu’à Bécon, ce n’est que dans le projet de Valérie Pécresse.
Concernant la sécurité dans les transports, si Claude Bartolone propose comme Valérie Pécresse la création d’une police des transports, il ne dit pas un mot de la généralisation de la vidéo-protection que propose notre candidate.
Impôts
Claude Bartolone propose de n’augmenter aucun impôt durant son mandat. C’est vrai que Jean-Paul Huchon s’en est déjà chargé depuis 17 ans, et François Hollande depuis trois. De ce point de vue là, c’est une promesse facile à tenir…quoique. Le programme de Claude Bartolone se révèle très coûteux, mais, contrairement à ce qu’a fait Valérie Pécresse, il ne semble pas y avoir de travail fait sur la réduction des dépenses de fonctionnement de la Région. Il insiste sur la nécessité de faire des choix, mais ne précise pas lesquels. Mystère. Un mystère inquiétant quand on sait que Claude Bartolone a mené son département de Seine-Saint-Denis au bord de la faillite, en n’hésitant pas à présenter des budgets insincères, non équilibrés en réalité entre les dépenses et les recettes….
Encadrement des loyers
Claude Bartolone veut l’encadrement des loyers dans toute la région. C’est tout d’abord méconnaître que l’immobilier est loin d’être le même dans les territoires ruraux de la région que dans les zones les plus proches de Paris. C’est ensuite vouloir étendre directement une mesure dont on n’évalue pas encore l’impact positif ou les effets négatifs à Paris – alors même que les effets ont été très contrastés dans une ville comme Lisbonne (cf. http://www.lemonde.fr/international/article/2011/09/16/au-portugal-les-locataires-menaces-par-le-plan-d-austerite_1573576_3210.html).
Claude Bartolone veut également que la Région n’aide plus les villes qui ne respectent pas la loi SRU. Cette proposition manque de clarté : si ce sont les villes qui ne respectent pas cette loi, alors c’est une attaque en règle contre des communes, notamment de droite, et notamment des Hauts-de-Seine, dont le rattrapage est rendu difficile par le manque de foncier. S’il s’agit de ne pas aider les villes qui ne respectent pas leurs engagements triennaux de rattrapage de la loi SRU, ce n’est pas la même chose : ces objectifs sont raisonnables. Mais il y a d’autres moyens d’encourager à la construction de logements, et M. Bartolone pourrait en suggérer à ses amis du Gouvernement qui baissent la dotation des communes… Il serait plus intelligent de faire un bonus/malus de DGF pour les maires constructeurs, afin de les aider à faire face à des dépenses nouvelles de fonctionnement (ex : écoles,..).
Création de 5000 emplois jeunes
Le problème des emplois aidés, c’est qu’ils disparaissent quand l’aide n’est plus là, comme le montre très bien l’INSEE (cf. http://www.lesechos.fr/20/07/2015/lesechos.fr/021217030144_les-emplois-aides–tout-sauf-un-sesame-vers-un-vrai-poste.htm). Mieux vaut aider les entreprises à créer des emplois, comme le propose Valérie Pécresse, mettre l’accent sur l’apprentissage qui débouche sur de vrais emplois, et renforcer la formation.
Lycées
Là, c’est le désert. Claude Bartolone n’a pas dû rencontrer une famille dont le lycéen a mis trois semaines avant d’avoir une affectation, comme cela m’est arrivé pour plusieurs cas à la rentrée, faute de places dans les lycées, et surtout à cause des retards de construction de la Région. Valérie Pécresse a développé ses propositions pour la construction et l’équipement de lycées dès la rentrée. A Courbevoie, nous attendons le lycée Aubrac définitif depuis des années ; nous savons combien cette compétence de la région est importante, et combien elle a été mal exercée jusqu’à présent.
Santé, solidarité
Claude Bartolone propose la création de maisons Alzheimer. Je ne vais pas bouder mon plaisir, je m’en suis occupé dans le cadre du Plan Alzheimer 2008-2012 voulu par Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand. Ce qui veut dire que cela existe déjà, et qu’il ne s’agit pas d’une compétence de la Région. Au contraire de la formation de professionnels très utiles dans le soin quotidien aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, que les Régions socialistes n’avait pas suffisamment mise en place alors même qu’il existait des crédits nationaux. Mais encore une fois, c’est une bonne chose.
La multiplication des maisons de santé fait aussi partie des engagements de Claude Bartolone. Là encore, il ne s’agit pas stricto sensu d’une compétence régionale, mais la mesure est bonne. C’est d’ailleurs pour cela que Valérie Pécresse en a parlé il y a plusieurs mois dans le cadre de son plan pour la ruralité en Ile-de-France…. une partie du territoire que Claude Bartolone a visiblement oublié dans son projet.
Quant à la proposition de crèches à horaires décalées, on est sur des compétences départementales…. C’est quand même dommage d’être Président de l’Assemblée, d’avoir eu des mois de débats sur une nouvelle loi de répartition des compétences, et de vouloir encore jouer à ce jeu très français du recouvrement de compétences !
Culture
Claude Bartolone s’y engage, il ne touchera pas au budget de la culture. Mais Valérie Pécresse, elle, s’engage à l’augmenter de 20% et à en faire un axe fort de sa politique de rayonnement et d’attractivité.
Citoyenneté
Claude Bartolone veut une part de budget participatif. L’idée en soi est séduisante, reste à savoir ce qu’il en ressort, l’expérience de Paris sera intéressante pour cela. A moins que Claude Bartolone ne s’inspire du Nord-Pas-de-Calais, où un budget participatif avait été mis en place dans les lycées. Résultat, un gâchis colossal, des sonneries participatives à 65 000 euros, des couloirs repeints sur le thème de Star Wars, etc… Attention, gadget possible !