Depuis Durban, où je représente actuellement la Région à la 21e Conférence internationale de lutte contre le VIH, je partage avec vous cette tribune écrite par notre Présidente et publiée par le HuffPost : http://www.huffingtonpost.fr/valerie-pecresse/vih-ne-baissons-pas-la-ga_b_11048962.html?utm_hp_ref=france&ir=France
Depuis quelques jours, les représentants des pays du monde entier – scientifiques, res.ponsables politiques et associatifs, personnes vivant avec le VIH – sont réunis à Durban, en Afrique du Sud, pour la 21ème conférence internationale sur le sida.
Quel chemin parcouru depuis la précédente conférence de Durban en 2000 ! La réponse sanitaire, à l’échelle internationale, restait à construire et de nombreux pays demeuraient en dehors de la lutte contre le sida. Les progrès sont incontestables : diminution considérable de la transmission mère enfants, amélioration de l’accessibilité des personnes séropositives aux traitements… En 2006, l’espérance de vie dans certains pays africains avait chuté de 10 ans dans la décennie précédente, s’établissant autour de 35 ans. 15 ans plus tard, elle est remontée de manière spectaculaire.
Ces progrès sont très largement à mettre au crédit de la France. Le lancement d’Unitaid en 2006, à l’initiative du Président Jacques Chirac, a été déterminant pour faire baisser le prix des médicaments et les rendre largement accessibles. C’est aussi au Président Chirac que l’on doit l’idée du fonds mondial de lutte contre le sida, outil de mutualisation et de coopération entre Etats.
Aux progrès spectaculaires dans la diffusion et le coût des traitements s’ajoutent l’apparition d’innovations thérapeutiques majeures comme le TasP, qui réduit la charge virale des personnes séropositives, ou le PrEP, permettant de prévenir la transmission. De nouveaux moyens de dépistage se sont développés, avec la généralisation des tests rapides et demain des auto tests.
Ce sont autant de motifs d’espoir pour mieux affronter la maladie, si l’on s’en donne toutefois les moyens.
Les victoires remportées sur la pandémie sont en effet fragiles et les progrès réalisés dans la prévention et le traitement du VIH pourraient conduire certains à considérer que le combat est maintenant fini. Ne l’oublions pas : le VIH tue encore.
C’est un autre combat que nous devons lancer aujourd’hui : celui de parvenir à stopper les nouvelles contaminations. L’enjeu de demain est résumé dans la stratégie 90-90-90 adoptée par ONUSIDA pour 2016-2021 : 90% des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut et recevant un traitement, 90% des personnes sous traitements ayant une charge virale supprimée.
J’ai souhaité que la Région d’Ile-de-France soit à la pointe de ce combat. Elle est en effet la première région française concernée par l’épidémie : aujourd’hui, près de la moitié des nouveaux cas de séropositivité sont découverts en Île-de-France et un tiers des personnes vivant avec le VIH en France habitent sur le territoire francilien.
C’est sur la base de ce constat, et alors que les moyens d’inverser la courbe de l’épidémie sont connus et scientifiquement démontrés, que le Conseil régional d’Île-de-France a décidé, le 17 juin 2016, la mise en place d’un plan stratégique ambitieux : « Pour une région Île-de-France sans sida ».
L’accent sera mis sur la prévention et le dépistage. En effet, si les personnes vivant avec le VIH en Île-de-France ont accès aux traitements, permettant à une très large majorité d’avoir une charge virale indétectable, il y a encore trop de personnes qui vivent avec le VIH sans le savoir. Sur un territoire fortement urbanisé par endroits, rural ailleurs, et qui compte 12 millions d’habitants, l’accès aux nouveaux modes de dépistage pour les populations les plus à risques, quel que soit leur lieu d’habitation, est un enjeu fondamental.
Pour atteindre ces objectifs, tous les acteurs franciliens, professionnels, collectivités, associations, doivent unir leurs efforts afin de rendre plus accessible l’information sur le VIH et les moyens de protection et de dépistage. La diffusion d’autotest à coût réduit, en s’appuyant sur Unitaid, tout comme la généralisation du PreP seront portés par la Région.
La recherche en infectiologie est aussi ma priorité, et constituera un domaine d’intérêt majeur (DIM) pour notre Région. J’ai en effet la conviction que l’Ile-de-France, qui est à la pointe de la recherche sur le VIH/ Sida, sera en capacité de mettre en place le premier vaccin contre le sida.
C’est un message d’espérance et de solidarité, conforme à nos valeurs, que la région Île-de-France portera à Durban par la voix de ses deux ambassadeurs, Jean Spiri, président du CRIPS (Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes), et Jean-Luc Romero-Michel. C’est en mobilisant tous les acteurs de la lutte contre le VIH/sida, c’est en agissant autant sur la prévention, le dépistage, le soin et la recherche, que nous mettrons un terme à la progression de l’épidémie. Et les Régions, par leurs compétences, par leur proximité avec les citoyens, par la prise en compte de leurs spécificités, constituent des leaders naturels, aux côtés des grandes villes, dans cette nouvelle stratégie.