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Contre le VIH/sida, n’attendons pas d’autres miracles que les nôtres !

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Une semaine après la fin de la Conférence internationale de lutte contre le VIH/sida, retour sur les enseignements de Durban…

Quels que soient les progrès, les slogans, les bonnes intentions, la réalité du VIH/sida demeure violente. S’il était besoin de s’en convaincre, la 21e Conférence internationale de lutte contre le VIH/sida qui s’est achevée ce vendredi 22 juillet à Durban en a malheureusement apporté la preuve : plus de 22 millions de personnes n’ont pas accès aux traitements, et l’épidémie progresse en Europe de l’Est et en Asie centrale, dans les Caraïbes, ou encore en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Certes, la Conférence a aussi apporté son lot d’espoirs : l’extension du nombre de personnes utilisant la Prep, ce traitement de prévention innovant pour lequel la France est précurseur, le développement des initiatives de dépistage, l’amélioration de la « cascade » de prise en charge dans de nombreux pays (du dépistage à la suppression de la charge virale par le traitement), l’utilisation de nouvelles technologies, l’initiative des villes et des Régions (comme Paris et la Région Île-de-France sous l’impulsion d’Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse) pour avancer rapidement vers les objectifs de l’ONUSIDA.

Mais elle a également révélé combien la situation pour les populations clefs, pour lesquelles la prévalence est la plus élevée, restait mauvaise dans de nombreux pays : surreprésentation des minorités ethniques aux Etats-Unis par exemple ; éloignement du système de santé des homosexuels qui font face à de nouvelles lois stigmatisantes dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ; criminalisation des usages de drogue qui favorisent la transmission de l’épidémie en prison en Asie centrale ; surreprésentation des jeunes filles dans les nouvelles contaminations en Afrique du Sud et manque de prévention auprès des adolescents ; difficultés à agir auprès des travailleurs du sexe marginalisés ; discriminations envers les personnes trans qui empêchent l’accès aux soins. Autant d’exemples qui montrent que les barrières demeurent nombreuses sur tous les continents – la France n’est pas exempte de certains de ces maux.

Dans de certains pays, les lois, au lieu de protéger les plus fragiles face à l’épidémie, renforcent cette fragilité et favorisent donc l’épidémie, l’absence de prévention, de dépistage, de prise en charge. Le juge de la Cour suprême Edwin Cameron, personnalité phare de la lutte contre l’apartheid autant que contre le VIH, a bien mis en avant cette contradiction : entre le faible et le fort, c’est pourtant la loi qui devrait protéger…

Comme l’a dit avec force l’actrice sud-africaine Charlize Theron lors de la cérémonie d’inauguration : le VIH se transmet par le sexe, il se transmet par le sexisme, le racisme, l’homophobie, la pauvreté. C’est là que doit se trouver une grande partie de la réponse internationale face au VIH/sida.

Les progrès dans la lutte contre l’épidémie ont été autant le fait des scientifiques que des activistes. Les scientifiques font leur travail, et plusieurs présentations, dont celle de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), l’ont encore une fois démontré. Certes, comme l’a rappelé le Prix Nobel Françoise Barré-Sinoussi, il faut des financements supplémentaires pour le soin, la recherche, la prévention, le dépistage. De nouvelles générations de traitement doivent être rendues accessibles, la Prep, les traitements contre la tuberculose et les hépatites qui sont responsables de co-infections souvent mortelles, et les tests de dépistage rapides sont une priorité. Mais la science ne peut pas tout. Et d’ailleurs les perspectives d’un traitement curatif ou d’un vaccin semblent encore lointaines, même si des équipes brillantes, notamment françaises, progressent chaque jour. Sans compter qu’il faudra ensuite les rendre accessibles….

Si nous voulons atteindre les objectifs ambitieux d’une réduction drastique de l’épidémie à l’horizon 2030, nous ne pouvons pas compter sur une solution miracle. Les réponses viendront de nous, de nos initiatives sociales et politiques. De nos initiatives sociales pour l’accès à la prévention et au dépistage, notamment en direction des populations clefs. De nos initiatives politiques pour lutter contre les discriminations et favoriser l’accès universel à la santé. En tant qu’ambassadeur « Pour une Île-de-France sans sida », cette conférence m’a autant permis d’échanger sur des bonnes pratiques concrètes que de mieux partager les combats pour les droits humains. C’est le message de Durban, cela a été celui de l’Afrique du Sud à plusieurs moments de son histoire : il y a un activiste qui sommeille en chacun de nous. C’est maintenant que la lutte contre le VIH/sida a besoin qu’il se révèle.

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